Obsolescence programmée : Apple, Samsung et Microsoft au banc des accusés
Publié le 27 juin 2017 à 18:11 Aujourd'hui
Greenpeace et iFixit se sont associés pour dénoncer les dérives de l’industrie. Et les conclusions sont loin d’être réjouissantes… Apple, Samsung et Microsoft se retrouvent accusés d’obsolescence programmée. L’organisation et le site spécialisé dans la réparation fait maison militent pour des objets électroniques plus faciles à réparer et plus durables.
Fini le temps des machines incassables : plus la technologie progresse, plus étrangement nos appareils ne tiennent plus sur la durée, nous obligeant à sans cesse réinvestir… Comme si les fabricants s’arrangeaient pour qu’au-delà d’un certain temps, l’appareil cesse de fonctionner convenablement. On appelle cela l’obsolescence programmée.
Pour dénoncer cette pratique Greepeace, à travers sa branche installée en Asie du Sud-est, a réalisé une étude visant à évaluer les efforts faits par dix-sept grands fabricants high-tech pour améliorer la durée de vie de leurs produits. Résultats : carton rouge pour Apple, Samsung et Microsoft, devenus champions dans l’art de raccourcir la durée de vie de nos appareils
Complexifier les opérations de maintenance
Le rapport dresse le classement de 44 produits les plus vendus ces deux dernières années. iFixit a noté chaque objet sur 10 et s’est basé sur des critères précis. On retrouve la facilité d’ouverture de l’appareil et de remplacement des pièces, mais aussi l’universalité de la visserie et des attaches. Enfin, le réparateur s’est concentré sur la facilité à trouver des pièces détachées et les modes d’emploi des objets. Plus la note du produit est élevée, plus il sera simple et peu cher de remplacer une pièce défectueuse. À l’inverse, une note faible vous indique qu’il est difficile, voire impossible de réaliser les réparations vous-même ou de faire réparer votre objet à un prix abordable.
« Sur tous les modèles passés en revue, nous avons trouvé des produits parfaitement pensés montrant qu’il est tout à fait possible de concevoir des objets high-tech facilement réparables. Malgré cela, de nombreux produits signés Apple, Microsoft ou Samsung sont de plus en plus conçus de manière à complexifier les opérations de maintenance et de réparation les rendant même parfois inaccessibles aux consommateurs, ce qui réduit la durée de vie de ces produits et ne fait qu’alimenter des décharges déjà pleines d’objets électroniques », explique Gary Cook, responsable informatique chez Greenpeace, dans le rapport.
De très mauvaises notes pour Apple, Microsoft et Samsung
Apple obtient la note de 1 sur 10 pour le Macbook Retina et le Macbook Pro 13″ Touch, la marque ne fait guère mieux avec son iPad 5 et iPad Pro 9,7″ qui obtiennent la note de 2 sur 10. Quant à Microsoft, la marque obtient un 1 sur 10 pour sa tablette Surface Pro 5 et son ordinateur portable Surface Book. Samsung s’en sort légèrement mieux, mais reste bien en-dessous de la moyenne avec un 3 sur 10 pour le Galaxy S7, Galaxy S4 et pour le Galaxy S7 Edge.
Si Microsoft, Apple et Samsung font partie des marques qui produisent le plus de produits électroniques obsolètes, une petite lueur d’espoir semble subsister car certaines marques vont dans le bon sens. C’est le cas de HP, Dell et Fairphone. Ce dernier propose d’ailleurs un smartphone ou il est possible de changer toutes les pièces, et a obtenu la meilleure note avec un 10 sur 10.
Le problème du e-Gaspillage
Malheureusement la situation est encore loin d’être idéale en matière de recyclage. Greenpeace regrette qu’aucun standard n’existe pour les outils de réparation et que de plus en plus de marques utilisent des vis ou des procédés propriétaires pour sceller leurs produits et ne permettent ainsi, aucune réparation possible sauf si le consommateur passe par des réseaux agréés. L’ONG pointe aussi du doigt le fait que 70% des produits testés disposent de batteries impossibles ou très difficiles à remplacer. Alors que celles-ci sont souvent mis en cause dans le dysfonctionnement des produits.
« Les biens électroniques demandent de grandes quantités d’énergie et de ressources naturelles pour être fabriqués. Pourtant, les marques en produisent chaque année des milliards, alors que les consommateurs les gardent seulement quelques années avant de les jeter. Le e-Gaspi est l’une des sources de gaspillage qui croît le plus vite dans le monde. Nous devrions pouvoir faire des biens électroniques quelque chose de plus durable dans nos vies », explique Kyle Wiens, le PDG d’iFixit. À savoir que Greenpeace préconise la création de produits qui durent au moins sept ans et qui sont plus facilement réparables que les produits actuels.
L’obsolescence programmée condamnée en France
Suite à l’adoption de la loi sur la transition énergétique, l’obsolescence programmée est dorénavant passible de deux ans d’emprisonnement et de plusieurs millions d’euros d’amende pour les grands groupes. L’article 22 de cette loi vient insérer une section relative à la pratique de l’obsolescence au sein du Code de la consommation. Est considéré comme obsolescence programmée « l’introduction volontaire d’une défectuosité, d’une fragilité, d’un arrêt programmé ou prématuré, d’une limitation technique, d’une impossibilité de réparer, en raison du caractère indémontable de l’appareil ou de l’absence de pièces détachées essentielles au fonctionnement de ce dernier, ou d’une incompatibilité ».
Les grandes marques n’ont qu’a bien se tenir, d’autant que les consommateurs sont de plus en plus responsables…