Des OGM non autorisés trouvés dans des aliments pour animaux
Publié le 22 février 2018 à 12:14 Aujourd'hui
Des aliments destinés aux animaux ont été conçus en France à partir d’OGM non autorisés et distribués illégalement en Europe.
Des ruminants, des porcs et des saumons nourris avec des aliments contenants des OGM interdits au sein de l’Union européenne. C’est ce que révèle Le Monde dans un article publié mercredi 21 février et dont les informations ont été confirmées par la direction de la répression des fraudes (DGCCRF), le même jour. « Il y a eu un contrôle de la DGCCRF fin 2017 dans une entreprise en France où des anomalies ont été trouvées suite à la présence d’OGM non autorisés dans de l’alimentation animale », a indiqué à l’AFP la DGCCRF. Selon le quotidien, l’alerte a été donnée le 28 septembre 2017 et depuis, les services chargés de la sécurité alimentaire s’agitent.
Une réunion d’urgence a été organisée le 20 octobre dernier à Bruxelles. Le 19 janvier 2018, la Commission européenne a informé les pays concernés que « dans deux cas identifiés des aliments incorporant une biomasse non autorisée produite à partir d’OGM ont été illégalement administrés à des animaux ». Cette biomasse en question est « constituée de bactéries génétiquement modifiées mortes. Ces micro-organismes ont servi à produire des acides aminés utilisés comme additifs dans l’alimentation animale pour les ruminants, les porcs et les saumons », explique Le Monde.
Une « erreur administrative »
Les filiales françaises du géant de l’agroalimentaire Ajinomoto sont mises en cause dans cette affaire. Le groupe japonais possède deux usines à Amiens et dans la ville de Mesnil-Saint-Nicaise dans la Somme. Toujours selon le quotidien, ces dernières ont fourni ces biomasses, environ 7 350 tonnes, à une société belge. « Cette matière a servi à fabriquer plusieurs dizaines de milliers de tonnes d’aliments composés pour animaux qui ont ensuite été expédiés vers des pays extra-communautaires », explique-t-il. Une petite partie a aussi été envoyée en Hongrie pour produire des aliments à destination de la Serbie, et une autre plus importante (environ 450 tonnes) en Estonie où elle a été redistribuée en Roumanie, Lituanie, Lettonie, Hongrie et Italie. Ajinomoto a expliqué dans un communiqué, relayé par l’AFP, que les substances « ont été placées sur le marché européen suite à une erreur administrative ». Et ajouter : « Dès que nous avons pris connaissance de cette situation, toutes les démarches nécessaires auprès des autorités nationales et européennes ont été entreprises ». Le groupe japonais s’est par ailleurs engagé « à suivre les standards les plus élevés en matière de santé, de sécurité et de traçabilité ».
Une affaire « scandaleuse »
La Commission européenne estime que les biomasses incriminées ne présentent pas de « danger pour la santé humaine ». L’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) est moins catégorique. D’après Le Monde, qui a consulté deux de ses avis, l’organisme estime qu’il n’est « pas possible de conclure » pour la « sécurité des consommateurs » et évoque « un risque sérieux », pour celle des « utilisateurs ».
Pour Greenpeace, cette affaire est « scandaleuse à plusieurs niveaux ». « Tout d’abord, comment, dès le départ, des multinationales de l’agroalimentaire peuvent-elles produire des aliments interdits au sein de l’Union européenne, sur le sol d’un des États membres ? Il y a urgence à régler ce vide juridique », a déclaré dans un communiqué Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture chez Greenpeace France. « Il s’agit aussi et surtout d’une fraude évidente puisque ces produits n’auraient jamais dû être vendus en Europe. Cela illustre une nouvelle fois le manque de traçabilité des aliments au sein de l’Union européenne », a-t-elle ajouté. Pour l’ONG, « une fois de plus, malgré les scandales de la vache folle, des lasagnes à la viande de cheval, de la grippe aviaire, les multinationales, avec la complicité de l’Union européenne, continuent de jouer aux apprentis-sorciers au mépris du principe de précaution et du respect du consommateur. Les pouvoirs publics doivent de toute urgence engager une transformation radicale de nos modes de production et de consommation vers des modèles vertueux, respectueux de l’humain, de l’animal et de l’environnement ».