Ongleries : les professionnels exposés à des substances dangereuses
Publié le 24 novembre 2017 à 9:20 Aujourd'hui
Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), les professionnels du soin et de la décoration des ongles sont exposés à 700 substances chimiques, dont 60 jugées « très préoccupantes » pour la santé.
Pour avoir de belles mains, certaines femmes se rendent dans des instituts pour se faire une manucure, se faire poser du vernis classique, semi-permanent ou encore des faux ongles, qui rappelons-le, ne sont pas sans risque. Fragilisation de l’ongle, inflammation locale, chute de l’ongle naturel, allergie, eczéma, infection, mycose… Telles sont les complications encourues. Mais pour satisfaire leur clientèle, les professionnels peuvent aussi mettre en danger leur santé. Dans une étude publiée jeudi 23 novembre, l’Anses révèle que ces derniers sont exposés à des centaines de substances chimiques dont certaines très toxiques. Les mesures réalisées dans des ongleries d’Ile-de-France et des Hauts-de-Seine, entre juillet et octobre 2016, ont en effet relevé la présence de 700 substances chimiques contenues dans les produits utilisés ou dans l’air des locaux professionnels. Parmi elles, 60 ont été jugées « très préoccupantes de par leur classe de danger la plus élevée (classification cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction (CMR), sensibilisant et/ou inscrite sur une liste de perturbateurs endocriniens potentiels) », indique l’Anses. Les esthéticiennes et les prothésistes ongulaires sont « aussi exposées à des particules provenant d’opérations de ponçage de l’ongle et des résines. La caractérisation fine de ces poussières, notamment chimique et granulométrique, est méconnue », ajoute l’Agence de sécurité sanitaire.
Allergies, problèmes respiratoires
Affections cutanées, affections des voies respiratoires et ORL, incluant principalement des asthmes, sont les pathologies les plus fréquemment diagnostiquées chez les professionnels. « Les produits utilisés pour la cosmétique ongulaire et principalement mis en cause (…) sont les produits de façonnage de l’ongle artificiel (gel, résine) contenant des monomères (méth)acryliques sensibilisants, irritants voire neurotoxiques. Ces composés sont majoritairement responsables des dermatites d’allergie de contact recensées chez ces professionnels. Les (méth)acrylates peuvent également être mis en cause dans certains problèmes respiratoires identifiés chez ces professionnels, tels que des asthmes », précise l’Anses.
Pour limiter les risques, l’Agence émet une série de recommandations. Elle conseille aux professionnels d’utiliser des produits de substitution et des tables aspirantes mais aussi de porter des équipements de protection individuelle adaptés. Pour les fabricants, elle leur demande de mettre en œuvre « à court et moyen termes le développement et/ou le remplacement de produits afin de supprimer les expositions à la source de différents agents chimiques dangereux, en particulier les monomères (méth)acryliques polymérisables, le toluène, l’acétaldéhyde » et de développer des produits/techniques avec lesquels les professionnels n’entreraient pas en contact avec les substances toxiques. L’Anses préconise aussi de rendre obligatoire un module de formation sur la prévention des risques professionnels.
[#SanteTravail] @Anses_fr publie son expertise sur les risques des professionnels exposés aux produits utilisés dans les activités de soin et de décoration de l’#ongle. #RisquesProfessionnels
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c’est un risque professionnel des esthéticiennes au niveau de la peau et des voies respiratoires qui impose des mesures de prévention