Perturbateurs endocriniens : presque toutes les femmes enceintes exposées

Publié le 7 décembre 2016 à 18:23 Aujourd'hui

Pour la première fois en France, une étude décrit l’exposition des femmes enceintes à certains polluants environnementaux.

Dans le cadre d’un programme national de biosurveillance dans lequel figure un volet périnatal, Santé Publique France publie ce mercredi une étude aux résultats peu réjouissants : on retrouve des traces de perturbateurs endocriniens chez la quasi totalité des 4000 femmes enceintes étudiées.

Les perturbateurs endocriniens, c’est quoi ?

Bisphénol A, phtalates, pesticides, retardateurs de flamme… Ces substances sont présentes dans des biens de consommation courants mais aussi dans l’alimentation. Ce sont tous des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire que ces produits interfèrent avec notre système hormonal et certaines sont ou sont supposées cancérigènes.

Il est donc essentiel de déterminer le niveau d’imprégnation de ces substances chez les femmes enceintes car une trop grande exposition peut avoir des conséquences sur la grossesse et la santé ultérieur de l’enfant. D’autant plus qu’il s’agit d’une population particulièrement sensible.

Un niveau peu élevé

Même si des traces de ces substances ont été trouvées chez presque toutes les femmes enceintes étudiées, les quantités sont moindre comparé aux études antérieures. L’urine de 4000 femmes ayant accouché en 2011 en France en 2011 a été analysée. La concentration des perturbateurs endocriniens a ensuite été mesurée sur un panel allant de 208 à 1764 femmes, selon les molécules. Sans surprise, des traces de phtalates, présents notamment dans des emballages alimentaires, les produits cosmétiques et d’entretien, ont été trouvées chez la quasi-totalité de ces femmes. Plus inquiétant, le bisphénol A (utilisé pour la fabrication de plastiques et résines) a été détecté chez 70% d’entre-elles. La substance est pourtant interdite en France depuis 2010 !

Ce phénomène s’explique car les produits interdits aujourd’hui peuvent persister longtemps dans notre environnement. Si ces résultats peuvent alarmer, l’organisation Santé publique France se veut rassurante : « Les concentrations mesurées sont généralement légèrement inférieures à celles observées dans les études antérieures françaises et étrangères ». Selon l’organisme, cette baisse s’expliquerait par les nouvelles réglementations interdisant certaines substances et par « les réductions d’usages liées aux révolutions industrielles. »

Au vu de ces résultats, cela n’est visiblement pas suffisant !

Ingrid Baswamina

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