Le photographe Benjamin Von Wong dénonce le gaspillage électronique

Publié le 3 avril 2018 à 9:34 Aujourd'hui

Le jeune photographe canadien Benjamin Von Wong dénonce le gaspillage d’objets électroniques en association avec l’entreprise Dell. Cet artiste engagé n’en est d’ailleurs pas à son premier travail environnemental.

Le poids des déchets d’équipements électriques et électroniques (« DEEE ») pèsent sur notre monde. Le sujet est encore trop méconnu alors qu’il devrait nous préoccuper à l’ère 2.0. Les téléphones portables, les claviers, les écrans de télé, les microprocesseurs… Autant d’objets rejetés en quantités inquiétantes. Un rapport de l’Union internationale des télécommunications et l’Association internationale des déchets solides, publié en décembre 2017, a révélé que le volume de déchets électroniques avait augmenté de 8% entre 2014 et 2016. En 2016, 44,7 millions de tonnes d’ordures électroniques étaient comptabilisées dans le monde. Un montant astronomique. Pour augmenter le recyclage de ces objets électroniques et tirer la sonnette d’alarme sur le sujet, le photographe engagé Benjamin Von Wong nous interpelle avec des photos à la fois esthétiques et percutantes.

Un univers électronique déroutant

L’une des images les plus marquantes (la première ci-dessous) a pour sujet une femme futuriste. Cernée par des claviers d’ordinateurs, la jeune modèle Clara Cloutier semble bloquée dans une autre dimension. Grimée d’une combinaison futuriste suite à 10 heures de « bodypainting », elle incarne le visage d’un univers matriciel. Dans l’œil de Von Wong, les matériaux qui composent notre monde électronique sont mis en lumière. Le photographe utilise le procédé de l’accumulation d’objets (comme Andy Warhol aux États-Unis ou Arman en France avant lui) pour dénoncer la pollution qui en découle. On peut ci-dessous observer une masse circulaire géante de claviers d’ordinateur. Un autre monde à la fois déroutant et captivant se dessine sous nos yeux. Si le travail esthétique est énorme, tous les éléments qui le constituent sont issues de notre environnement. Grâce à son association à l’entreprise Dell, le projet a pu compter sur l’aide de l’entreprise de recyclage Wistron GreenTech pour lui fournir 2 tonnes de déchets électroniques. En totalité, le travail d’assemblage a mis 10 jours, pour une journée entière de shooting. Le résultat est bluffant et nous fait réfléchir sur les traces que nos objets électroniques laissent derrière nous.

Benjamin Von Wong / Facebook

Benjamin Von Wong / Facebook

L’artisan « David Jeter » a travaillé sur la fausse perspective des arcs de cercle ci-dessus / Benjamin Von Wong / Facebook

Le nécessaire recyclage de nos déchets

En France, ce recyclage est en forte progression. Le 15 mars dernier, la société Eco-systèmes annonçait avoir collecté et recyclé 533 640 tonnes, soit l’équivalent de 69,1 millions d’appareils électriques usagés en 2017. Une augmentation de 3,2 % par rapport à l’année précédente. Selon l’eco-organisme de recyclage, c’est la collecte de petits appareils électriques qui a affiché une plus grosse progression cette année : +13,5%. Des progrès encourageants mais qui n’effacent pas les défis considérables qui restent à relever. Parmi eux, la collecte de smartphones. Un rapport cosigné par le sénateur UDI du Doubs, Jean-François Longeot, et la sénatrice écologiste du Nord, Marie-Christine Blandin indiquait qu’à peine 15% de nos mobiles usagés sont récupérés. Selon Eco-systèmes : en France, il resterait 11 à 30 millions de vieux téléphones à collecter. Dans d’autres pays comme la Chine et l’Inde, les conséquences humaines et environnementales sont d’ores et déjà dramatiques. Les « DEEE » impactent à la fois la santé (système nerveux, sanguin et reproductif) et participent à l’existence du travail des enfants. En outre, ils contaminent l’eau, augmentent le nombre de décharges, et polluent les sols. Il y a urgence à normaliser les pratiques de recyclage de ces produits.

Un photographe engagé

Quant au photographe, il n’en est pas à son premier travail environnemental. Anciennement ingénieur, Von Wong aime les challenges et les photos hyperréalistes. Très engagé, il avait déjà interpellé le président américain Donald Trump dans son projet « Behind the Scenes: Mad Max meets Trump’s America ». Les photos de la série montrent des paysages apocalyptiques impressionnants sur lesquels sont postées des personnes apeurées munies de masque à gaz. Un concept ingénieux qui n’est pas sans nous rappeler l’esthétique du blockbuster Mad Max.

Son dernier travail dénonce la pollution des déchets plastiques qui peuplent l’Océan. Réalisées avec l’accumulation de 10 000 bouteilles en plastique, des créations fantasques mettent en scène des jeunes femmes apprêtées en sirène qui sont échouées parmi les ordures. Engloutis par une marée de plastique, les modèles sont inertes, à l’image des milliers d’animaux marins qui perdent la vie à cause des déchets plastiques. Une phrase choc accompagne ces clichés publiés sur le site de l’artiste : « en 2050 il y aura plus de plastique que de poissons dans l’Océan ».

Retrouvez tous les projets photographiques de Benjamin Von Wong sur son site et sur sa page Facebook.

Benjamin Von Wong / Facebook

Benjamin Von Wong / Facebook

Claire Lebrun

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