Pollution des eaux : l’agriculture intensive mise en cause

Publié le 18 octobre 2017 à 12:32 Aujourd'hui

À l’occasion des États Généraux de l’Alimentation, l’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme concernant l’agriculture intensive. Cette pratique aurait contaminé la moitié des cours d’eau et le tiers des nappes phréatiques en France, alors que cette ressource se fait de plus en plus rare.

L’eau est vitale pour l’Homme. Cette ressource recouvre près des trois quarts de la surface de la planète. Cependant, l’eau de source ne représente qu’une partie infime. Il est donc important de la préserver. Ce n’est pourtant pas le cas. En France, l’agriculture intensive, et donc, l’utilisation de produits chimiques a endommagé une grande partie des ressources du pays. C’est ce que révèle une étude menée par l’UFC-Que Choisir, publiée dans le cadre des États Généraux de l’Alimentation. Afin de sensibiliser l’opinion publique, l’association a lancé mardi 17 octobre 2017, une campagne baptisée « S Eau S » ainsi qu’une pétition concernant la mauvaise qualité des eaux des rivières et des nappes phréatiques en France.

Des eaux rares et polluées

Le bilan est sans appel, la ressource est dans un « état calamiteux ». Pour l’UFC-Que Choisir, il n’y a aucun doute, les produits chimiques utilisés dans l’agriculture sont en cause. « Les données fournies par les professionnels eux-mêmes montrent que les quantités d’engrais à l’origine des nitrates n’ont pas baissé en vingt ans et que l’utilisation des pesticides a même augmenté de 18 % en 5 ans », s’insurge l’organisme. Selon le rapport, sur plus de la moitié du territoire français, la teneur en nitrates des cours d’eau est supérieure à « la valeur considérée comme naturelle » (10 mg / litre). Pire encore, sur plus de 15% du territoire cette quantité dépasse même la limite imposée par l’Europe (25 mg /litre). Concernant les nappes phréatiques, 73% ont une teneur en nitrates supérieure à la valeur naturelle et 43% à la limite de Bruxelles.

Cette pollution des eaux s’ajoute à un second problème, la rareté de cette ressource. Depuis plusieurs années, la France connaît des périodes de restrictions des usages de l’eau. Cet été, pas moins de 84 départements ont dû réduire leur consommation. Parmi eux, 37 étaient en état de « crise » comme le Loiret, l’Allier, l’Ain, le Lot-et-Garonne, la Vendée, le Loire-Atlantique ou encore les Pyrénées-Atlantiques, pour ne citer qu’eux. Pire encore, le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) estime que 16 départements doivent prendre systématiquement des arrêtés pour réduire l’utilisation de l’eau, quelles que soient les conditions météorologiques. La moitié des départements doivent prendre des dispositions une année sur deux.

Le principe du pollueur-payeur bafoué

Ironie (pas vraiment) du sort, ce sont les premiers impactés par cette pollution des eaux qui paient le plus. Selon le rapport, « la réparation de ces dommages environnementaux reste très majoritairement financée par les consommateurs, qui, par le biais de leur facteur d’eau, payent 88% de la redevance « pollution » et 70% de la redevance « prélèvement », soit 1,9 milliard d’euros par an ». Le secteur de l’agriculture, responsable de cette pollution, ne paie que 7% de la redevance « pollution » et 4% de la redevance « prélèvement ». Le principe du « pollueur-payeur » est donc bafoué.

Déjà en 2005, l’UFC-Que Choisir dénonçait l’augmentation de la pollution des eaux dans le cadre de sa campagne « Eau, réconciliation 2015 ». Trois ans plus tard, en 2008, le plan « Ecophyto », décidé lors du « Grenelle de l’environnement », prévoyait, dans un premier temps, de réduire de 50% l’utilisation des herbicides et des fongicides sous 10 ans. Mesure non suivie puisque l’utilisation de pesticides a augmenté depuis 2008. Une deuxième mouture de ce plan a tranché pour une baisse de ces produits chimiques d’ici 2020. Ecophyto prévoit désormais de réduire l’utilisation de pesticides de 25%, contre 50% dans le premier plan.

 

Marie Bascoulergue

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