Pollution des océans : ces initiatives à suivre

Publié le 4 septembre 2017 à 15:57 Demain

Ils sont navigateurs, scientifiques, mais ont tous un point commun, celui de sauver les océans des déchets plastiques. Voici trois initiatives dédiées à la lutte contre cette pollution.

Sacs plastiques, gobelets, emballages alimentaires… Chaque année, entre 8 et 10 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans. Une pollution marine qui a eu pour conséquence la formation d’une immense plaque au Pacifique Nord constituée de plastiques de toutes tailles qui convergent dans un tourbillon de courants marins : un gyre océanique. Quatre autres se situent dans l’Océan Indien, le Pacifique Sud, l’Atlantique Nord et Sud. Ces « continents » sont un fléau pour les animaux (environ 100 000 mammifères sont tués chaque année) et, à terme, pour l’Homme. Les micro- et nanoplastiques s’intègrent peu à peu à la chaîne alimentaire. Aujourd’hui, la pollution touche même les endroits les plus reculés du monde comme l’île Henderson, dans le sud du Pacifique. En quelques années, plus de 38 millions de morceaux de plastique se sont accumulés sur ses plages. Face à ce constat, certains ont décidé d’agir avec un grand A.

The Ocean Cleanup

Alors qu’il n’avait que 16 ans, Boyan Slat a imaginé un système capable de nettoyer les océans plus vite et plus écologiquement que ce qui a été pensé jusqu’alors. Au lieu de ramasser les plastiques à l’aide de bateaux sillonnant les océans, il a décidé de se servir des courants marins pour piéger les détritus. Son idée : installer dans l’océan Pacifique, là où se trouve le gyre, une barrière en forme de « V », l’arrimer au fond marin et l’équiper d’un filet s’enfonçant dans l’eau pour collecter les débris en plastique.

Après une phase de tests en mer du Nord, le jeune Néerlandais de 22 ans et son équipe d’ingénieurs ont depuis amélioré le système en remplaçant cette barrière unique par une flotte de plusieurs pièges flottants. Une trentaine de barrières mesurant chacune entre un et deux kilomètres de long seront mises à l’eau. Celles-ci ne seront pas attachées au fond marin, comme prévu initialement, mais à une ancre flottante de 12 mètres de long. Cette ancre évoluera dans l’eau avec les détritus en plastique, au gré des courants marins. Le projet, baptisé « The Ocean Cleanup », devrait être opérationnel en 2018. Le jeune homme et son équipe espèrent ainsi nettoyer 50% de la grande plaque de déchets du Pacifique d’ici à cinq ans. Pour suivre l’avancée du projet, rendez-vous ici ou ici.

Photo : capture écran/YouTube The Ocean Cleanup

The Sea Cleaners

Sauver les océans du plastique, tel est l’objectif du skipper franco-suisse Yvan Bourgnon qui a créé son association « The Sea Cleaners ». Pour cela, il a imaginé un navire géant capable de collecter les déchets en mer avant qu’ils ne se dégradent et ne détruisent les écosystèmes : « Le Manta ». Ce navire, qui doit son nom à la raie manta pour sa capacité à filtrer l’eau, sera équipé d’un collecteur de déchets plastiques, un système directement inspiré des fanons des baleines. Il permettra de collecter les macro-déchets sans atteinte de la faune aquatique et sera repliable pour les passages des canaux et approches portuaires. Les détritus collectés seront ensuite stockés dans des cuves. Les déchets seront triés et compressés, en vue de leur recyclage ou leur revalorisation à terre. Toutes les collectes seront géolocalisées, évaluées et analysées avant. Les données seront formalisées à bord pour être ensuite transmises à la communauté scientifique internationale. Et pour éviter la pêche accidentelle, le navire sera doté d’un dispositif électronique d’émissions sonores qui permettra d’éloigner les poissons et les mammifères marins.

Le Manta sera également respectueux de l’environnement. « En termes de propulsion, l’utilisation de Kite-Wing (cerf-volant) combinée à un système de gréement supportant des voiles classiques, ou tout simplement une propulsion totalement électrique éolienne solaire et hydrolienne sont à l’étude. L’objectif est de réduire l’emprunte carbone à son strict minimum », explique-t-on sur le site de l’association. Pour réaliser ce projet, une campagne de crowdfunding a été lancée sur la plateforme KissKissBankBank. Aujourd’hui finalisée, celle-ci a récolté plus de 151 000 euros sur les 80 000 espérés. La première campagne de collecte est espérée pour 2021. Pour plus d’infos, rendez-vous sur la page Facebook de The Sea Cleaners ou sur le site de l’association.

Crédit photo : The Sea Cleaners / Facebook

Race for Water

Le catamaran suisse Race for Water a lui déjà entrepris son périple. Ce navire 100% écologique est parti dimanche 9 avril de Lorient pour une expédition de cinq ans autour du monde. Cette odyssée, menée par la fondation suisse du même nom, a pour objectif de sensibiliser les populations locales au problème de la pollution, à mener des études scientifiques pour évaluer la concentration et l’impact des microplastiques sur les écosystèmes, ainsi qu’à promouvoir de nouvelles solutions technologiques capables de lutter contre cette pollution.

Le navire, de 35 mètres de long, s’était fait connaître en 2012 sous le nom de PlanetSolar pour avoir achevé un premier tour du monde à l’énergie solaire grâce à une surface de 540 m2 de panneaux solaires. Ce dernier est devenu la propriété de la fondation en 2015. Depuis, de nombreuses modifications ont été apportées afin de le rendre plus autonome en énergie. Il a été doté d’une unité de production d’hydrogène fonctionnant avec de l’eau dessalée à bord et d’un cerf-volant de traction d’une surface de 40m².

L’équipe a récemment fait escale à Saint-Domingue, en République dominicaine. Pour suivre cette belle initiative, rendez-vous sur le site de la fondation Race for Water et sur les réseaux sociaux.

Crédit photo : Race for Water / Facebook

 

Marine VAUTRIN

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