Le putois est menacé de disparition

Publié le 10 mai 2017 à 12:00 Aujourd'hui

Chasse, perte d’habitat, pollution… La population des putois décline en France. La Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) demande d’inscrire le petit animal sur la liste des « mammifères protégés ».

Victime de sa mauvaise réputation, le putois est aujourd’hui menacé de disparition, alerte la Société française pour l’étude et la protection des mammifères. Les effectifs de ces petits carnivores auraient considérablement chuté au cours du XXe siècle. « Bien que le putois paraisse relativement commun dans certains secteurs, son état de conservation apparaît mauvais au niveau national, explique l’association constituée de vétérinaires, naturalistes et chercheurs sur sa page Facebook. Les menaces que nous avons pu détailler sont croissantes : chasse et piégeage volontaire ou involontaire, perte d’habitat (zones humides, haies) et de ressources alimentaires, mortalité routière, pollutions, pathologies et appauvrissement génétique ».

Dans un rapport remis au ministère de l’Environnement, la SFEPM demande ainsi que le putois soit « urgemment » inscrit sur la liste des « mammifères protégés ». En France, l’animal est aujourd’hui susceptible d’être classé « nuisible » ou « susceptibles d’occasionner des dégâts », selon la nouvelle dénomination, dans n’importe quel département. Ce qui est le cas en Loire-Atlantique et dans le Nord-Pas-de-Calais. Partout ailleurs, il est classé « chassable ».

« Un allié des agriculteurs »

Pour Pierre Rigaux, « cela n’a plus de sens en France de le considérer comme un animal nuisible », estime-t-il au Parisien. « Des pays voisins ont fait un constat similaire et ont réagi en protégeant l’espèce par la loi », à savoir l’Italie, la Suisse, le Royaume-Uni et certaines régions d’Allemagne et d’Espagne. Le putois « a été abondamment pourchassé pendant tout le XXe siècle et les menaces qui pèsent sur lui sont multiples », explique le naturaliste. « Il devrait pourtant être considéré comme un allié des agriculteurs car il se nourrit en partie de campagnols et de rats », souligne Pierre Rigaux. Autre atout : l’animal favoriserait la lutte contre la myxomatose. « Les lapins de garenne capturés par le Putois sont préférentiellement ceux atteints de myxomatose. Le Putois participe à limiter la propagation de cette maladie (Lodé, 2000b). La protection du Putois sera un facteur favorisant le maintien des populations de lapins dans les secteurs où elles sont affaiblies par la myxomatose », soulignent les chercheurs dans le rapport.

Selon la SFEPM, cette protection permettrait de « mettre en œuvre des politiques de conservation concrète : arrêt du piégeage et du tir, meilleure prise en compte des zones humides, restauration des haies bocagères, mise en place de passages à faune sous les routes, surveillance épidémiologique. »

Outre le putois, le hérisson est aussi menacé de disparition. Leur nombre aurait diminué de 70% en moins de 20 ans dans l’Hexagone. À ce rythme, l’espèce pourrait disparaître du paysage français d’ici 2050. Plusieurs facteurs expliquent cette raréfaction : l’urbanisation, l’utilisation des pesticides agricoles, la transformation de leurs habitats et la chasse.

Justine Dupuy

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