Ce qu’il faut savoir sur la pénurie de beurre

Publié le 24 octobre 2017 à 14:51 Aujourd'hui

Hausse du prix du croissant, rayons des supermarchés qui se vident… La pénurie de beurre frappe actuellement l’Hexagone. D’où vient-elle ? Va-t-elle perdurer ? Explications.

Panique à bord ou plutôt à beurre ! En juin dernier, la Fédération des Entreprises de Boulangeries alertait l’opinion publique quant à une possible pénurie de beurre. Aujourd’hui, la situation ne s’est pas arrangée. Pire, elle s’est même aggravée. Depuis quelques jours, les consommateurs se retrouvent devant des rayons de beurre entièrement vides, ou presque. Pour l’heure, les régions les plus touchées sont le Centre-Val de Loire, la Bretagne, la Franche-Comté, la Normandie ou encore l’Auvergne. Dans plusieurs supermarchés, de nombreuses références de beurre et de crème fraîche manquent à l’appel et sont remplacées par des pancartes indiquant que le produit est en rupture de stock. Cette crise, qui provoque déjà la hausse du prix de nos croissants préférés, risque de provoquer une hausse du prix de la plaquette en supermarchés. Voici quelques informations pour mieux comprendre cette pénurie.

Quelles sont les causes ?

Ce manque de beurre s’explique en premier lieu par une baisse mondiale de la production de matière grasse animale et notamment en Nouvelle-Zélande, premier exportateur au monde. Au sein de l’Union européenne, la production est également en baisse. La collecte de lait ne cesse de chuter depuis 2016. Pour le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL), cela « s’explique par une récolte fourragère particulièrement médiocre, des conditions climatiques peu favorables, un plan d’aide européen à la réduction de la production laitière durant la fin de l’année 2016, et des problèmes de trésorerie particulièrement marqués dans les élevages ». A contrario, la demande mondiale ne cesse de croître, notamment en Chine et aux États-Unis. Cette hausse est principalement due au fait que la matière grasse animale retrouve grâce aux yeux des nutritionnistes qui l’ont boudée pendant 30 ans. Autre problème : les consommateurs eux-mêmes. Craignant de ne plus trouver de beurre dans leur supermarché, certains ont décidé de faire du stock et d’acheter bien plus que nécessaire.

Une conséquence sur les prix

Face à une hausse de la demande et une baisse de la production, le cours mondial du beurre n’a pas suivi. Entre début 2016 et septembre 2017, le prix du beurre est passé de 3,20€ (3 200€ la tonne) le kilo à 6,90€ (6 900€ la tonne), soit une augmentation de 172% en 18 mois. Autrement dit, le prix de la plaquette de beurre devrait également augmenter. Problème : la grande distribution fixe le prix de leurs produits qu’une fois par an, et pour 2017 c’était en février dernier. Or, les industriels souhaiteraient profiter de cette hausse afin de renégocier leurs contrats avec les supermarchés. Comme la grande distribution ne cède pas, les fournisseurs de matières premières ont décidé de ne plus livrer leurs produits.

Et après ?

Bien que les rayons se vident de plus en plus, et que la hausse des prix, notamment chez les boulangers-pâtissiers, commence à se faire ressentir, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert se veut rassurant. Il a déclaré ce mardi 24 octobre à Sud Radio que la situation n’allait pas « durer ». « Nous allons revenir sur une collecte plus importante, donc je pense que les choses vont revenir progressivement dans l’ordre ». Et ajoute : « Nous avons une production laitière très importante qui va remonter puisque nous entrons dans la période automnale et hivernale. » Une annonce qui va peut-être rassurer les boulangers-pâtissiers qui s’inquiètent doublement de cette pénurie à l’approche de la production des bûches de Noël et des galettes des rois.

Marie Bascoulergue

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