Rhône-Alpes : des champignons toujours radioactifs

Publié le 15 novembre 2016 à 17:39 Aujourd'hui

Trente ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, des doses radioactives ont été détectées dans des échantillons de champignons cueillis à l’automne 2015 en Rhône-Alpes.

Les champignons peuvent être toxiques mais aussi radioactifs. Des traces de césium 137 ont en effet été retrouvées dans des champignons de la région Rhône-Alpes, selon une étude menée par la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD) et la Fédération Rhône-Alpes pour la Nature et l’Environnement (FRAPNA). 38 échantillons de champignons, récoltés dans la Drôme, l’Isère, la Haute-Savoie, l’Ain et la Loire à l’automne 2015, ont été analysés : bolet bai, cèpe de Bordeaux, chanterelle en tube, chanterelle jaunissante, pied de mouton, trompette des morts, etc.

Parmi les 38 échantillons analysés, 36 ont présenté des traces de césium 137, un élément radioactif. Ce radionucléide provient « principalement des retombées des essais nucléaires atmosphériques des années 1950-1960, et dans une moindre mesure des retombées de Tchernobyl », explique la CRIIRAD dans son rapport.

Des taux supérieurs aux normes d’importation

Les taux de radioactivité observés sont certes plus faibles qu’à ces époques-là, mais ils sont toujours détectables. Deux échantillons testés dépassent d’ailleurs les normes d’importation fixées en Europe après l’accident de Fukushima (100 becquerels par kilo frais). À savoir un bolet bai et une chanterelle à tube, ramassés dans la Loire. Ces derniers ne respecteraient pas la limite sanitaire appliquée depuis avril 2012. « Si les champignons étaient importés du Japon, ils dépasseraient les normes d’importation », a souligné sur France Bleu Drôme Ardèche Julien Syren, ingénieur chargé d’études au laboratoire de la CRIIRAD. Après Tchernobyl, les seuils avaient été fixés à 600 becquerels par kilo.

Une consommation occasionnelle de ces champignons est sans danger pour la santé. Toutefois, pour les échantillons les plus contaminés en césium 137, la consommation de 3 à 8 kilos de champignons frais (ou de quelques centaines de grammes de champignons secs) entraînerait pour l’adulte une exposition non négligeable », note la Commission.

« Mais pour les autorités, les seuils établis suite à Tchernobyl et Fukushima sont trop restrictifs, déplore ironiquement la CRIIRAD. C’est pourquoi, si un nouvel accident nucléaire survient en France ou dans un autre pays membre de l’Union Européenne, le niveau maximal de césium 137 dans les champignons, mais également dans la viande, les légumes, les céréales sera de… 1 250 Bq/kg. »

Justine Dupuy

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