Spiruline : attention aux compléments alimentaires

Publié le 30 novembre 2017 à 11:26 Aujourd'hui

Les compléments alimentaires à base de spiruline ne seraient pas une source « fiable » de vitamine B12, révèle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Pire encore, certains pourraient comporter des toxines, des bactéries et même des métaux lourds.

C’est bien connu, la spiruline a de nombreux bienfaits sur l’organisme. Aussi appelée spirulina arthrospira platensis, cette micro-algue renferme un grand nombre de protéines, de zinc, de sélénium, de manganèse, de fer, de cuivre, de chrome, de minéraux (calcium, magnésium, sodium, phosphore), d’oméga 6, de chlorophylle mais aussi de la vitamine A, E, D, B1, B2, B3, B7, B8, et K. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs qualifié cette algue de « meilleur aliment pour l’humanité au XXIè siècle ». En France, la spiruline se trouve majoritairement sous forme de poudre, de filaments ou encore de comprimés. C’est justement ces derniers qui suscitent une certaine inquiétude de la part de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

L’Agence a révélé ce jeudi 30 novembre 2017 que certains produits contenant de la spiruline pouvaient contenir des « cyanotoxines (microcystines notamment), des bactéries ou des éléments traces métalliques (plomb, mercure, arsenic) ». Elle souligne également que ces compléments alimentaires ne constituent pas « une source fiable de vitamine B12 pour les populations végétaliennes ». « La vitamine B12 de la spiruline est constituée d’au moins deux analogues dont le majoritaire (80%) est de la pseudo-vitamine B12 qui ne se fixe pas sur le facteur intrinsèque et est donc inactive », explique l’Agence dans son rapport.

49 signalements d’effets indésirables

Face à ces résultats, l’Agence conseille donc de privilégier les circuits d’approvisionnement « les mieux contrôlés par les pouvoirs publics », en conformité avec la réglementation française. Autrement dit, les établissements de vente directe, comme les (para)pharmacies ou les magasins bio. Exit donc la spiruline trouvée en salle de sport ou sur Internet, lieux où ce marché est moins contrôlé. L’Anses recommande également aux personnes atteintes de phénylcétonurie [maladie génétique rare liée à l’accumulation de l’acide aminée phénylalanine dans l’organisme] ou ayant un terrain allergique de ne pas consommer ces compléments alimentaires.

Concrètement, « ce n’est pas la qualité de la spiruline en tant que telle qui pose problème, mais la qualité de la fabrication de certains compléments alimentaires », explique la professeure Irène Margaritis, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition de l’Anses, citée par BFMTV. C’est pourquoi, l’Agence estime primordiale de maîtriser la qualité des eaux de production de l’algue ainsi que les procédés de son obtention par les fabricants.

Tout ceci fait suite à 49 signalements d’effets indésirables « susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la spiruline », auprès de l’Anses dans le cadre de la nutrivigilance. Parmi lesquels troubles digestifs, allergie, atteintes musculaires ou hépatiques, etc. D’ailleurs, l’Agence rappelle qu’en 2014 elle avait rendu public un cas de réaction allergique (angio-œdème facial allergique) survenue après la prise de spiruline. Ces signalements ont conduit l’Agence à évaluer les risques associés à une consommation de compléments alimentaires à base de spiruline. Malgré tout, pour l’Anses « la spiruline ne semble pas présenter de risque sanitaire à de faibles doses (jusqu’à plusieurs grammes par jour chez l’adulte) ».

Marie Bascoulergue

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