Terra Nova recommande de réduire sa consommation de viande par deux

Publié le 23 novembre 2017 à 17:08 Aujourd'hui

Dans son dernier rapport publié ce jeudi 23 novembre 2017, le think tank Terra Nova préconise de diviser par deux la consommation de viande des Français dans les vingt ans qui viennent. Manger moins de protéines animales serait bénéfique pour la santé et l’environnement.

La saison des barbecues est terminée mais celle de la dinde (de Noël) arrive à grand pas. Les Français sont très attachés à la viande. Après la Seconde Guerre Mondiale, la consommation de viande a connu un boom sans précédent, pour atteindre son pic en 1998. Chaque Français mangeait en moyenne 98 kg de viande par an. Pourtant, en 2014, les Français ne consommaient plus « que » 86 kg de viande chaque année. Depuis, la consommation tend à augmenter. Selon les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, la consommation de viande aurait augmenté de 0.9% en 2016. Actuellement, un Français consomme aux alentours d’un kilo de viande par semaine, bien loin des 300 à 500g préconisés par les nutritionnistes.

Ce jeudi 23 novembre, le think tank progressiste Terra Nova vient alerter sur une trop grande consommation de viande. Dans son rapport, l’organisme préconise de réduire sa consommation de moitié dans les vingt prochaines années et « d’inverser la part des protéines végétales et des protéines animales dans l’ensemble de nos apports en protéines ». « Notre objet n’est pas de condamner en soi la consommation de viande. Mais tout plaide pour que soit recherché un nouveau compromis entre nos traditions alimentaires et nos impératifs sanitaires, environnementaux et économiques », explique-t-il.

Terra Nova a conscience qu’une « telle évolution est […] loin d’être acquise. » « Les habitudes alimentaires d’une population ne se modifient pas en quelques années », poursuit-il. Pour cela, il fait 11 propositions. Parmi lesquelles : « évoluer vers la généralisation de l’option « repas végétarien » et l’imposition d’un jour végétarien par semaine dans la restauration scolaire », « mieux valoriser les végétaux », « mieux contrôler les distributeurs alimentaires dans les lieux publics » ou encore « mieux former les cuisiniers aux enjeux de la transition alimentaire ».

Des dangers pour la santé et l’environnement

Terra Nova justifie ces conclusions en expliquant que cela a des impacts néfastes sur la santé et l’environnement. Pour cela, l’organisme s’appuie sur des épidémiologistes qui ont établi que « la surconsommation de viande pouvait être la cause de plusieurs types d’affections ». En 2005, un rapport de l’université de Cornell a mis en lumière une corrélation entre une surconsommation de protéines animales et des maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2 et certains cancers. D’ailleurs, en octobre 2015, le CIRC a classé la viande rouge comme « probablement cancérogène » et les produits carnés transformés comme « cancérogène » pour l’Homme. D’un point de vue environnemental, « les spécialistes […] ont démontré, quant à eux, que les activités d’élevage avaient une contribution conséquente aux émissions de gaz à effet de serre (GES) et qu’elles impliquaient une mobilisation de ressources souvent disproportionnée par rapport à leur apport nutritionnel », explique Terra Nova. Par exemple, pour produire un kilo de bœuf, il faut plus de 13 000 litres d’eau.

Des conditions d’élevage bafouées

Ce qui pourrait freiner les Français à limiter leur consommation de viande serait les nombreux scandales sanitaires. D’ailleurs, selon une enquête Ipsos de 2013, 76% des Français ont des inquiétudes liées à la sécurité sanitaire de leur alimentation, rappelle Terra Nova. Une inquiétude légitime quand on sait que « la production animale, en particularité pour les porcs et la volaille, devient plus intensive, géographiquement concentrée et verticalement intégrée, et dépend davantage des chaînes d’approvisionnement mondiales ». Autrement dit, les conditions d’élevage des animaux seraient bafouées. Concrètement, « dans des espaces confinés, rassemblant de grandes quantités d’animaux, les épidémies se propagent plus rapidement », explique Terra Nova. Pire encore, de nombreux élevages industriels utilisent une trop grande quantité d’antibiotiques. D’ailleurs, « selon l’ONG Worldwatch, en 2009, les élevages auraient consommé 80 % des antibiotiques administrés à travers le monde, ce qui en fait la principale cause de développement de l’antibiorésistance ».

Marie Bascoulergue

  1. J’adère ! Thierry

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