Les tests sur animaux bientôt remplacés par un logiciel informatique ?

Publié le 16 mars 2018 à 13:07 Aujourd'hui

Des chercheurs de l’université d’Oxford ont mis au point un logiciel, baptisé Virtual Assay, capable de prédire si un médicament est toxique pour le cœur. Le but : ne plus avoir recours aux tests sur les animaux. 

Rats, souris, poissons, lapins… Dans le domaine médical ou de la biologie, les tests sur les animaux sont récurrents. Cependant, la directive européenne n°2010/63/UE, applicable en France depuis le 1er janvier 2013, prévoit une règle, aussi appelée règle des 3R, relative à la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques. Celle-ci consiste à « remplacer l’expérimentation animale dès que possible, et à défaut, à réduire le nombre d’animaux utilisés et à raffiner les procédures, c’est-à-dire optimiser les méthodologies employées pour diminuer la douleur animale tout en garantissant un niveau de résultats scientifiques élevé », explique le ministère de l’Agriculture sur son site Internet. Malgré tout, selon les plus récents chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 1 144 745 animaux ont été utilisés à des fins scientifiques en 2016. La souris (mus musculus) est l’animal le plus prisé (59,6%). Dans une moindre mesure, viennent ensuite le poisson (15,3%), toutes espèces confondues, le rat (Rattus norvegicus, 8,9%) et le lapin (Oryctolagus cuniculus, 6,1%). Mais tout ceci risque d’être de l’histoire ancienne.

Une équipe de chercheurs de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) a développé Vitual Assay, un logiciel informatique capable de prédire si une molécule est toxique pour le cœur en modélisant les cellules cardiaques humaines. Un projet qui séduit déjà. Les chercheurs ont récemment remporté le prix international 3Rs. Ce dernier, décerné par le National Centre for the Replacement Refinement & Reduction of Animals in Research (NC3Rs), récompense les projets luttant contre l’utilisation des animaux dans les laboratoires.

Sauver des animaux

Concrètement, les chercheurs ont déjà effectué plusieurs milliers de simulations « in silico » (effectuées au moyen d’ordinateurs, NDLR) pour voir comment 62 médicaments et 15 composés très utilisés dans la recherche affectaient des cellules, explique Gizmodo (en anglais), un blog américain spécialisé sur les gadgets et les nouvelles technologies. Résultat : dans la grande majorité des cas Virtual Assay « a pu deviner correctement si une substance était potentiellement dangereuse pour le cœur ». Plus précisément, il a deviné pour 89% des cas si le médicament ou le composé pouvait provoquer une arythmie, à savoir des troubles du rythme du cœur, caractérisés par une irrégularité des contractions. Des résultats encourageants puisque l’expérimentation animale ne serait efficace qu’à 75%, rapporte le NC3Rs. Les résultats ont été publiés dans la revue Frontiers in Physiology (en anglais) en septembre dernier.

Contactée par Gizmodo, Elisa Passini, l’auteure principale de l’étude, a affirmé que Virtual Assay pourrait un jour sauver de nombreux animaux.

 

Marie Bascoulergue

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