Vers la fin des cigarettes dans les films français ?
Publié le 20 novembre 2017 à 11:48 Aujourd'hui
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, s’est déclarée devant le Sénat le jeudi 16 novembre 2017 en faveur d’une « action ferme » pour lutter contre le tabagisme. Dans le viseur de la ministre, les cigarettes dans les films français.
Le gouvernement ne cesse de mettre en place des initiatives pour lutter contre le tabagisme. Après avoir fait interdire en 2007 les cigarettes dans « tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail », le ministère de la Santé a décidé de s’attaquer au prix du paquet de cigarettes. Jusqu’en 2020, le tarif de ce dernier augmentera six fois pour atteindre 10 €. Le but est de dissuader les fumeurs en s’attaquant au porte-monnaie des Français. Le moi(s) sans tabac fait également partie de ces projets. Initié par tabac-info-service et soutenu par le ministère de la Santé, ce défi a pour but d’accompagner les fumeurs à arrêter de fumer pendant un mois, ce qui multiplierait par cinq leurs chances d’arrêter définitivement.
Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter là. Lors de l’étude du budget de la Sécurité sociale au Sénat, le 16 novembre dernier, la sénatrice socialiste Nadine Grelet-Certenais a interpellé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur la présence des cigarettes au cinéma. « Il faut aller au-delà du porte-monnaie (…) en s’intéressant notamment aux incitations culturelles à fumer. Je pense par exemple au cinéma qui valorise la pratique. La Ligue contre le cancer démontre dans une étude que 70 % des nouveaux films français mettent à l’image au moins une fois une personne en train de fumer », a déclaré Nadine Grelet-Certenais. Pour la sénatrice, cette pratique promeut « auprès des enfants et des adolescents » son usage.
Face à ces propos, Agnès Buzyn s’est rejoint à la sénatrice rappelant que les campagnes d’information « ne fonctionnent pas ». La ministre a déclaré qu’elle ne comprenait pas « l’importance de la cigarette dans le cinéma français » et qu’elle comptait parler de cette idée à la ministre de la Culture Françoise Nyssen, afin de « dénormaliser l’image du tabac dans la société ». La ministre a également promis « une action ferme » dans le cadre du second plan national de réduction du tabagisme.
Gainsbourg, Coco Chanel et Tati interdits de métro
Ce sujet ne date pas d’hier. En 2015 déjà, l’ancienne ministre chargée des personnes âgées Michèle Delaunay avait jugé indispensable que la loi Évin, qui interdit toute propagande en faveur du tabac, soit appliquée aux longs métrages français. En 2016, l’Organisation mondiale de santé (OMS) recommandait d’interdire aux moins de 18 ans les films où l’on pouvait voir des personnes fumer. À défaut, l’organisation souhaitait faire diffuser avant la projection un message prévenant des méfaits du tabac. L’OMS proposait également d’inscrire au générique de fin que les producteurs n’avaient reçu aucune aide financière de la part des fabricants de cigarettes pour montrer leurs produits. Outre-Atlantique, plusieurs studios dont Universal ou encore Disney ont déjà limité l’usage de la cigarette à l’écran depuis 2007.
En 2009, l’afficheur qui gère les espaces publicitaires de la RAPT et de la SNCF, Métrobus, a fait interdire dans le métro parisien les affiches d’une exposition consacrée à Jacques Tati. Ces dernières, où l’on voyait le réalisateur pipe à la bouche, ont été jugées non conformes à la loi Évin 1991. À la place, un petit moulinet à vent a remplacé l’objet du délit. Deux ans plus tard, c’est autour du film Coco avant Chanel de faire parler de lui. L’affiche représentant l’actrice Audrey Tautou en pyjama, cigarette à la main, n’était pas du goût de Métrobus qui, une nouvelle fois, a invoqué la loi Évin. La même année, l’afficheur a refusé de placarder les affiches du film Gainsbourg (vie héroïque) sur lesquelles on voyait le comédien qui incarné Gainsbourg cracher de la fumée.