Zéro déchet semaine 8 : parlons menstruations !
Publié le 3 avril 2018 à 17:38 Ma vie zéro déchet
Atteindre le zéro déchet, tel est l’objectif de Marine. Depuis maintenant deux mois, elle fait la chasse à ses détritus. Cette semaine, elle fait le point sur les protections hygiéniques.
« Parlons menstruations ». Le titre de ce papier a dû vous mettre mal à l’aise, et je le comprends. Pourtant, ces choses ô combien naturelles sont importantes, surtout si l’on entreprend une démarche zéro déchet. Si je vous en parle maintenant, c’est que la semaine dernière j’ai eu mes règles, mes « ragnagnas », mes menstruations. Bref, comme dirait ma grand-mère, les Anglais ont débarqué. Avant de me lancer dans cette aventure, j’utilisais des tampons et des serviettes hygiéniques. Ce qui, évidemment, n’était absolument pas zéro déchet. En moyenne, une femme jetterait environ 300 protections hygiéniques par an ! L’une des solutions ? La coupe menstruelle ou la « cup ». Celle-ci, placée à l’entrée du vagin, collecte le sang des règles et se vide.
Depuis quelques années, ce petit objet fait de plus en plus d’adeptes. Il faut dire qu’il présente de multiples avantages. Se gardant cinq années en moyenne, la cup est avant tout économique et écologique. Moins de déchets et plus de tampons à acheter. Utiliser la coupe menstruelle est aussi plus rassurant question santé. En octobre 2015, une étude argentine avait indiqué que 85% des tampons et serviettes hygiéniques testées contenaient des traces de glyphosate, un désherbant puissant et classé par l’OMS comme « cancérigène probable ». En mai 2017, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait elle aussi publié des premiers résultats assez inquiétants : parmi les tampons qu’elle avait analysés, tous contenaient des traces de dioxines, de furanes et d’EOX. Un seul contenait de l’AOX et un autre de phtalate qui, pour rappel, est classé comme perturbateur endocrinien. L’AOX et l’EOX sont des composés organiques halogénés extractibles et absorbables. La DGCCRF se voulait tout de même rassurante en indiquant que les substances chimiques mises en évidence avaient été retrouvées « à des concentrations très faibles » et qu’elle n’avait pas détecté « de danger grave et immédiat sur les produits testés ». Les services de la DGCCRF avaient tout de même précisé qu’il n’existait pas « de réglementation ou de normes fixant la teneur maximale pour ces substances dans les produits d’hygiène féminine ». La cup mieux que les tampons ? Sûrement, mais rappelons toutefois que les données scientifiques concernant la coupe menstruelle manquent aussi. « Ça se trouve, dans cinq ou dix ans, on va nous dire que la cup est cancérigène », m’avait dit une amie.
La cup, une galère
Bref, en attendant, et dans ma démarche zéro déchet, j’ai décidé d’adopter la cup. Dans le commerce, on la trouve facilement et coûte entre 15 et 30 euros selon les modèles. Il existe des coupes menstruelles en TPE et en silicone à usage médical. Le mieux serait de la choisir en silicone, moins irritant et plus agréable, m’a-t-on conseillé. Le TPE est un élastomère, un dérivé du pétrole, comme tous les plastiques. Avant de voir les Anglais débarquer, j’ai donc pris soin de choisir ma cup et de lire les instructions pour l’insérer. Je ne vous raconte pas la galère ! « Tu verras, c’est tellement simple, ça va te changer la vie », m’avait dit une autre amie. Pour me changer la vie, c’est sûr. Je mets 50 ans à la mettre, j’ai peur qu’elle se coince en faisant ventouse, j’ai peur des fuites (chose qui ne m’est pas encore arrivée, ouf) et je stresse quand je dois la vider et la nettoyer. Car oui, cette petite chose doit être vidée et nettoyée à l’eau claire. À la rédaction, le lavabo est placé en dehors des toilettes ! À chaque fois, je stresse de croiser un ou une collègue, la cup pleine de sang à la main. Et se rendre aux WC avec un verre d’eau à la main pour la nettoyer, il y a quand même plus discret. Certes, avoir ses règles ne doit pas être un tabou, mais j’ai mes limites. Une fois, j’ai eu aussi la chance de la faire tomber par terre. Je vous épargne les détails, mais on aurait dit qu’un meurtre avait eu lieu dans ma salle de bains. La cup, c’est bien, mais il faut s’y habituer et surtout avoir confiance en cette petite chose qui protège nos culottes.
D’ailleurs parlons aussi des serviettes hygiéniques. Tout comme leurs collègues les tampons, les serviettes, que j’appelle les couches, ne sont pas exemptes de substances chimiques. Dans celles-ci, des traces d’HAPs (hydrocarbures aromatiques polycycliques) ont été détectées dans 6 références analysées l’an dernier par la DGCCRF. Une serviette contenait des traces de phtalate et une serviette « bio » portait même des traces d’AMPA, un produit de dégradation du glyphosate. Les serviettes hygiéniques sont aussi sources de déchets. L’alternative ? La serviette lavable. La quoi ? Oui, la serviette hygiénique lavable. Celle-ci, faite en tissu, s’utilise comme les jetables. Des petites pressions permettent de « fixer » la serviette à sa culotte. Une fois sale, il faut la laver en machine. Étant dans une démarche zéro déchet, je me suis donc laissée tenter par cette solution. Pour être honnête, je ne suis pas vraiment convaincue. Il faut la laver en machine au moins à 60°C, merci les économies d’énergie. De plus, elle laisse une sensation d’humidité. Le sang a semblé rester en surface de la serviette plutôt que d’être absorbé, ce qui est vraiment inconfortable. Pour y remédier, il est conseillé d’appuyer du papier toilette sur la serviette pour absorber le surplus, mais cela n’a rien changé. La serviette n’était-elle pas adaptée à mon flux ? Possible. J’en testerai une autre la prochaine fois. Malgré ma mauvaise expérience, je suis sûre que c’est une bonne solution. Si vous avez des conseils à me donner, je suis preneuse !
Pour rappel, la cup, tout comme les tampons, doit être changée a minima toutes les 4 à 5 heures dans la journée. Il faut adopter des serviettes hygiéniques pendant la nuit. Le risque ? Le syndrome du choc toxique lié aux règles (SCT). En recrudescence ces dernières années, celui-ci est provoqué par le staphylocoque doré, une bactérie sans danger présente chez 30 à 40 % de la population. Seules 4 % des femmes en ont dans la flore vaginale et parmi elles, 1% sont porteuses d’une souche particulière de staphylocoque qui peut produire une toxine dangereuse, la TSST-1. Une étude française a montré que le risque est augmenté non pas selon le dispositif vaginal choisi, mais selon l’usage qui en est fait.